Editorial 3: La diversification des méthodes pédagogiques permet d’éviter de nombreux échecs scolaires
20 septembre 2009
Dans notre troisième éditorial, nous souhaitons aborder un thème très important pour nous : l‘éducation. A travers l’Association, nous souhaitons attirer l'attention sur les nouvelles tendances éducatives qui laissent penser que de nombreux enfants, et en particulier ceux qui éprouvent des difficultés d’apprentissage, tireraient profit d’abordages pédagogiques individualisés favorisant les modes d’apprentissage les plus adaptés à chacun. Une prise de conscience progressive concernant des formes personnalisées ou diversifiées d’enseignement, donnant lieu à différents types d’apprentissage, permettrait de déboucher à l’avenir sur un moindre échec scolaire des enfants qui aujourd´hui rencontrent des problèmes, et leur permettre en outre de développer les aspects pour lesquels ils présentent des dons potentiels. Notre inquiétude est que de nombreux établissements scolaires recherchent l’excellence des résultats en se centrant exclusivement sur un type d’apprentissage cognitivo-analytique, ce qui ne laisse pas de place aux enfants aux capacités différentes, et qui risquent de demeurer dans l’ombre. Le fait de ne pas pouvoir s'adapter à la méthode traditionnelle d’enseignement peut laisser sur le bord du chemin des talents qui auraient pu se développer pleinement avec une vision éducative plus flexible. Nous ne devons pas oublier que des personnages illustres comme Winston Churchill, Nicolas Sarkozy, Michael Phelps, Tom Cruise ou Quentin Tarantino, pour ne citer que quelques uns des plus célèbres, ont reconnu avoir souffert d’un TDAH, ce qui ne les a pas empêchés de briller dans un domaine de leur vie. Toutefois, certains d’entre eux ont connu des moments très difficiles à l’école. Dans le même ordre d’idées, nous faisons ici écho de la parution ce mois-ci par la Fondation Cantabria Ayuda al Déficit de Atención e Hyperactividad (CADAH), en collaboration avec l'œuvre sociale de la Caisse de Cantabrie (Obra Social Caja Cantabria), un guide pour les enseignants qui a pour objectif la réduction de l'échec scolaire des enfants avec trouble de déficit de l'attention et hyperactivité (TDAH). Dans la présentation de ce guide, la présidente souligne que 10% des échecs scolaires sont dus au trouble de déficit de l'attention/hyperactivité et que seuls 5 à 7% des enfants affectés achèvent des études supérieures. Cela doit nous faire réfléchir. Il est possible que les méthodes les plus couramment utilisées aujourd’hui dans les écoles excluent une population importante d’enfants qui auraient peut-être pu poursuivre leurs études si ce qu’on tentait de leur enseigner leur avait paru plus intéressant. A partir de cette information, et dans notre effort de constamment étudier de nouvelles façons de venir en aide aux personnes avec TDAH, à leurs familles, aux éducateurs et autre personnel de soin, nous souhaitons apporter quelques arguments de poids au fait qu’il pourrait être intéressant de connaître le profil des capacités d’apprentissage de chacun au moment de décider de son parcours scolaire. Ce qui importe, ce n’est pas tant la façon dont on acquiert les connaissances que le fait qu’on réussisse à les acquérir. Chaque personne dispose de qualités qui peuvent être utilisées au quotidien pour apprendre. Pour illustrer la diversité des types d'intelligence et donc d’apprentissage, le chapitre « Styles d’apprentissage » du livre ADD/ADHD Drug Free apporte des éléments intéressants. Il nous parle de l’existence de différents styles d’apprentissage sur la base des qualités de chaque personne. Nous aurions ainsi le logique-mathématique, qui brille dans le maniement des chiffres et de la logique pour résoudre des problèmes ; aimant l’ordre, le comptage des choses, il s’agit d’un esprit explorateur des objets sous leurs différents aspects et nombre d'entre eux finissent par se consacrer à l'ingénierie, à l'informatique ou à la science. Ils utilisent davantage l’hémisphère gauche du cerveau. En second lieu nous aurions le corporel-cinesthétique qui apprend fondamentalement à travers le corps et ses capacités physiques, en utilisant l’hémisphère droit. Les mécaniciens, chirurgiens, charpentiers ou les athlètes présentent certainement ce type de qualités et apprendront plus facilement s’ils trouvent le moyen d’impliquer le mouvement, le jeu avec les objets et l’utilisation de leur corps lors du processus d’apprentissage. En troisième lieu apparaît le style intrapersonnel, chez qui la principale qualité est d’identifier les sentiments et de les utiliser pour comprendre et gérer son comportement. Les psychologues, les prêtres et les hommes d’affaires auraient valorisé ces qualités et appris plus facilement si lors de leur éducation on avait renforcé cet aspect en développant l'hémisphère droit. Le quatrième style, l’interpersonnel, est typique des politiques, enseignants, thérapeutes... chez qui ressort la capacité à se lier et à communiquer avec les autres. Le cinquième style est le musico-rythmique, qui profite de son don à percevoir les rythmes, les mélodies, les rimes, les symétries... Cette capacité permet de communiquer ses sentiments à travers des tons et des modèles de rythme : un enfant possédant ce don sera ravi lorsqu’il écoute sa chanson préférée et apprendra en faisant des rimes ou en chantant à haute voix ses leçons. Il faudrait poursuivre cela à mesure que l’enfant grandit puisque cela facilite l’apprentissage scolaire, le cerveau étant plus réceptif. C’est dans ce cas l’hémisphère droit du cerveau qui prédomine. En sixième lieu apparaît le style visio-spatial, caractérisé par un don particulier pour penser de façon photographique et recréer l’espace tridimensionnel. Les architectes, photographes, pilotes de course, réalisateurs de cinéma... apprendront certainement mieux par ce bais, qui est également propre à la prédominance de l’hémisphère droit. En septième lieu est le linguistique-verbal, le plus universel, qui se caractérise par la facilité à apprendre par le biais de la parole, écrite ou orale, et qui tire surtout profit d’un apprentissage basé sur des séminaires, conférences, cours magistraux, etc. Ce sont ceux qui obtiennent le plus de points aux tests d’intelligence (quotient intellectuel) et c’est un style souvent prédominant chez les écrivains, les journalistes, les avocats... Ce style fait surtout travailler l’hémisphère gauche du cerveau et sur celui-ci qu’est basée en grande partie l’éducation scolaire actuelle. En dernier lieu de cette classification nous avons le naturalistique, caractérisé par sa connexion particulière avec la nature et son intérêt pour la biologie, la botanique, la zoologie, l’astronomie... Au-delà de ces catégories, ou autres similaires, cela fait déjà de nombreuses années qu’on parle des points forts et des points faibles des personnes qui se servent davantage de l’hémisphère droit du cerveau, qui n’est justement pas celui le plus pris en compte ni valorisé par les systèmes éducatifs. Nous savons que l'hémisphère droit du cerveau abrite des fonctions mentales aux côtés plus créatifs et émotionnels que celles situées dans l’hémisphère gauche (davantage lié au langage). La force de ces diverses fonctions rend les personnes différentes, et non pas plus ou moins intelligentes.
Des expériences prêtant attention à ces différences de formes d’intelligence entre individus ont été conduites dans des écoles, en formant les enseignants aux principes de la théorie de l’intelligence multiple énoncée par Howard Gardner en 2006. Elles ont rapporté des résultats intéressants, avec une amélioration du rendement pour la majorité des élèves dans la plupart des matières. Des approches similaires ont surgi également dans des groupes de personnes surdouées, qui demandent une adaptation du programme pour que la plupart se sentent un peu plus à l'aise dans le cadre scolaire habituel et s’identifient davantage avec l’apprentissage.
En plus de cette emphase sur l’éducation, nous présentons en ce mois de septembre quelques articles qui font référence à de nouvelles données sur la génétique du TDAH et sa possible corrélation avec des découvertes d’études de neuro-imagerie fonctionnelle qui viennent peu à peu apporter des informations sur ce qui ne fonctionne pas tout à fait correctement chez les personnes souffrant de ce problème. Les dernières études utilisant ces techniques montrent des dysfonctions liées à la dopamine et aux circuits cérébraux dans lesquels résident les systèmes de récompense, ce qui explique en partie les observations faites chez les enfants hyperactifs, qui ne répondent pas comme les autres enfants au renforcement. Nous mentionnons également les nouveautés concernant la définition de la future spécialité de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent, qui sera officiellement proposée dans le système MIR (i.e. le système de formation sanitaire spécialisée en Espagne) à partir de 2011. Quelques curiosités ensuite au sujet des nouvelles technologies (Twitter, You Tube, Facebook) ainsi que quelques lignes pour vous inviter à réfléchir sur une préoccupation grandissante, celle des de l’abus de médicaments stimulants pour mieux étudier. Un sujet sur lequel nous devrions commencer à être vigilants.