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Deuxième journée de l’association Elisabeth d’Ornano
L’association Elisabeth d´Ornano a célébré sa deuxième journée annuelle le 1er juin 2011. Le thème de cette année, « Prévention en santé mentale : le développement émotionnel de la personne avant la naissance », était destiné à aborder un sujet essentiel pour tous les enfants, et pas seulement pour les enfants hyperactifs.
Au cours de cette journée, nous avons voulu suivre les premiers pas de la vie d’un enfant, en signalant, au fil de ces premiers instants, certains éléments essentiels pour un développement émotionnel sain.
Miguel Moreno, psychiatre consultant de l’association, a agi comme narrateur, pour assurer la continuité d’un message conté en plusieurs chapitres, constitués des différentes présentations et qui ont signalé l’importance de la construction émotionnelle de la personne depuis la première idée de ses parents, projetée sur l’enfant à venir, jusqu’à la réalité de cet enfant comme être indépendant et autonome.
Dans ce parcours de la personne de son inexistence à sa réalité tangible, nous avons fait trois arrêts : tout d’abord, dans les idées des parents qui prévoient de donner vie à un enfant, puis, après la grossesse et l’accouchement et enfin, pendant l’établissement des premières relations interpersonnelles de l’enfant, essentiellement affectives.
La journée a commencé par le discours de la présidente, qui l’a contextualisée au sein du parcours de l’association qu’elle préside. Elle a souligné le nouvel objectif de cette dernière, au-delà du TDAH, qui suppose l’approfondissement de tout le processus de développement, à partir de la première identité dans l’esprit des parents, et sur la manière dont tous les instants, dès le premier, influencent la construction de la personne tout au long de sa vie. Elle a indiqué l’importance d’une santé mentale équilibrée pour pouvoir affronter les adversités de la vie et a établi, comme objectif de la journée, la recherche conjointe du chemin adéquat pour asseoir les bases dudit équilibre, à partir d’avant la naissance. Elle s’est tout spécialement adressée aux femmes, à qui revient l’honneur d’être mères, auxquelles a été confié le rôle si particulier de porter un être en leur sein qui, en neuf mois, passera de l’état unicellulaire à celui de bébé, la meilleure expression possible de la force de vie.
Elle a ainsi insisté sur le miracle de la vie et sur l’importance du contexte émotionnel pour la construction de la personne, sur l’importance de la maternité dans la vie de la femme, sur le privilège et la responsabilité d’être mère. Elle a eu une pensée particulière pour les femmes qui vivent une relation courte avec un enfant, si courte parfois que l’enfant survit pas jusqu’à la naissance. Elle a indiqué, de manière très délicate, les aspects positifs que cette relation peut avoir dans la vie de la femme et l’intelligence, ainsi que la richesse, que cette relation de la mère avec une vie conclue précocement est supposée intégrer à sa propre expérience. Le bébé arrive avec sa propre essence ; son âme a déjà un parcours. Il arrive avec l’espoir et l’intérêt d’accompagner ses parents pour qu’ils puissent évoluer les uns avec les autres. Elle a également abordé la capacité du fœtus à détecter les émotions et à en être influencé.
Miguel Moreno nous a situés au premier moment de la vie, avant même la conception, dans l’esprit des parents. Cette étape constitue le moment opportun pour que les parents commencent à établir une relation saine avec leur enfant et qu’ils commencent déjà à développer les ressources dont il aura besoin pendant le reste de sa vie. Un développement équilibré permettra qu’un être juste créé se développe de manière autonome durant toutes les étapes de sa vie, certaines synonymes d’énormes exigences et de transformation profonde, comme l’enfance et l’adolescence et d’autres, plus stables et statiques, comme la maturité. Enfin, d’autres étapes sont synonymes de régression de la majorité de ses fonctions, qui culminera avec le processus complexe de la mort. Au fil de ce parcours, l’enfant emportera avec lui son histoire, en commençant par celle de ses parents, ses relations avec eux et les autres, ses expériences vitales, etc. Il se construira ainsi en un être unique et original, cohérent avec son propre parcours, du début à la fin.
Au moment de la conception, ses difficultés et aspects émotionnels, surtout chez ceux pour qui la reproduction est compliquée, a été le thème abordé par le Dr Sagrario Martín, psychologue experte dans les couples qui souhaitent avoir des enfants et rencontrent des difficultés.
Avoir des enfants est vécu comme quelque chose de fondamental chez les gens, il s’agit d’un désir inconscient, présent chez la majorité d’entre nous et qui est assumé ou non et/ou exercé en vertu des histoires personnelles. Pour plusieurs raisons, dans notre société, l’âge de la paternité/maternité a reculé au fil du temps et ceci s’accompagne de conséquences sociales, économiques et psychologiques. À ce moment également, les occasions d’avoir des enfants, malgré les obstacles que la nature nous impose sont immenses. Lorsque la grossesse n’arrive pas lorsqu’elle est désirée, voulue, attendue ou planifiée, toutes les diatribes émotionnelles qui accompagnent toujours le processus de conception et de gestation sont favorisées et d’autres apparaissent. La capacité ou l’incapacité à se reproduire, la tolérance ou l’intolérance envers la non-réalisation d’un désir si important, les attitudes et décisions prises face à cette déception, la modification potentielle du projet vital lui-même, sont des aspects que chaque adulte vit d’une certaine manière, conditionnée par sa personnalité et sa situation.
Comme nous l’a rappelé Miguel Moreno, la première identité d’un enfant commence déjà à se dessiner à ce moment-là. La première idée des parents sur leur futur enfant détermine déjà un chemin dans son développement. Ainsi, le cas de parents qui conçoivent dans la situation idéale pour eux, lorsqu’ils le désirent, dans le contexte d’une relation amoureuse stable dans laquelle l’enfant apparaît comme une conséquence inévitable et naturelle, marque probablement une première identité idéalisée, très chargée de désir, d’attentes et d’optimisme. Si l’enfant est conçu dans une situation imprévue, non planifiée, non convenable, la première image que les parents s’en forment est bien différente. Cette image sera ensuite contrastée avec la réalité de ce qui survient au cours de la grossesse, de l’accouchement et de la première expression de l’enfant, de son comportement, etc. Miguel nous a, par ailleurs, accompagnés dans le monde sensoriel du bébé. Très tôt déjà dans la vie embryonnaire, l’enfant est capable de percevoir des sensations, par le biais des organes sensoriels qui commencent peu à peu à se développer dès le deuxième mois de vie intra-utérine, comme par le biais de la communication placentaire avec sa mère. Peu après la naissance, à quelques semaines, il peut commencer à « lire » les émotions sur le visage de sa mère et de ses autres proches. En outre, il peut émettre des sons, des syllabes, qui varient en fonction de ses besoins, comme Miguel l’a illustré avec des exemples de bébés qui demandent à manger, qui veulent dormir ou qui ont des gaz. Par conséquent, il est important de prendre en compte le fait que le bébé est très rapidement récepteur et émetteur de signaux vers ses parents et les autres, ce qui doit nous faire prendre conscience de l’influence que l’environnement que nous créons autour de lui peut avoir sur lui. Finalement, Miguel nous a offert quelques images d’un accouchement tranquille, sans bruit, sans stress, accompagné d’un massage permanent du bébé et de la mère, extrait d’un film du gynécologue français F. Leboyer, pour illustrer combien une expérience détendue et sincère à la naissance peut s’avérer différente par rapport à d’autres expériences malheureusement plus courantes, lourdes de stress pour le bébé comme pour la mère.
Mara Parellada, pédopsychiatre et consultante clinique de l’association, a continué avec le parcours de la vie relationnelle de l’enfant, en approfondissant la thématique de l’affection, comme base fondamentale pour un bon développement postérieur de la capacité à établir des relations avec autrui. Elle a expliqué certains aspects de l’histoire de l’affection comme concept psychologique, comme « base sûre », modèle de relation précoce basé sur la réserve de confiance et de sécurité d’un accompagnant (en général, la mère). Cette base est nécessaire à certains moments de grande vulnérabilité dans la vie, comme l’étape du bébé, et facilite l’établissement des relations d’intimité, d’amitié et de confiance au cours de la vie adulte. L’affection se nourrit en partie du tempérament de l’enfant, mais également de la sensibilité des parents à détecter les besoins de l’enfant et à y répondre de manière appropriée. Le style d’affection commence déjà à être configuré pendant la gestation, compte une certaine composante transgénérationnelle et n’est pas seulement marqué par des événements précoces, comme le niveau de stress pendant la grossesse, mais constitue également un point d’intervention psychologique. Si nous parvenons à développer une affection sûre entre l’enfant et sa mère, nous pourrons compenser certains des problèmes que l’enfant porte depuis les étapes précédentes (conflits familiaux, tempérament difficile, stress pendant la vie intra-utérine). Le Dr Parellada a voulu remarquer l’importance du travail sur les aspects émotionnels pendant la grossesse, le post-partum et la prime enfance, qui peuvent affecter le développement sain de l’enfant. Ainsi, de la même manière que les aspects préventifs de santé physique pendant la grossesse se situent à un niveau très élevé dans les pays développés, comme l’Espagne (avec des indices de mortalité infantiles très basses, par exemple), les aspects préventifs de santé mentale ne le sont pas et les indicateurs de problèmes psychologiques, comportementaux et d’adaptation des enfants dans notre société apportent peu d’optimisme.
Finalement, Xavier Guix, psychologue, écrivain et communicateur dans différents médias, a réalisé une intervention très agréable, motivante et contextualisante sur le développement de l’enfant et de la personne dans son existence en général, non seulement dans le contexte familial, mais aussi dans le contexte social et historique. Il a réfléchi à l’idée selon laquelle l’identité de la personne, son individualité caractéristique, sa personnalité unique, ne sont qu’une partie de la réalité. Les autres sont relatives au jugement de la personne dans sa relation avec tous les autres, avec sa famille, avec sa période historique, avec le reste de la société, même avec de nombreux événements qui surviennent autour de lui, de ceux dont peut-être il n’a pas conscience et ne peut pas contrôler, mais qui marquent également des rencontres, des possibilités, des opportunités, etc. Les valeurs transmises par les parents, leurs efforts éducatifs sont relatifs à l’époque vécue. Il a utilisé des exemples qui suivaient chronologiquement des événements sociologiques pendant lesquels les parents éduquent leurs enfants différemment. Ainsi, par exemple, pendant l’après-guerre, les enfants ont été éduqués pour ne pas avoir faim, puis pour travailler, ensuite pour étudier, pour atteindre un statut, etc. jusqu’à ce que ce soit pour tout recevoir de leurs parents. De la même manière, X. Guix a réfléchi aux difficultés éducatives actuelles dans l’autocontrôle ou la tolérance à la frustration. Dans sa communication, il a examiné la manière dont la vie peut être comprise depuis le point de vue selon lequel l’individu est en relation permanente avec autrui et son contexte culturel et social. Tout cela lui donnera, peu à peu, une forme unique.
Il a, en outre, signalé l’importance du fait que les personnes deviennent acteurs de leur propre vie et de la manière dont l’action et les décisions individuelles produisent des changements dans l’environnement et non seulement le contraire, en insistant sur la relation bidirectionnelle entre l’individu et son environnement.