Lettre d'Elisabeth d'Ornano
7e lettre d’Elisabeth d’Ornano
Janvier 2012
Nous avons consacré l’an dernier à l’étape du développement de l’enfant avant sa naissance et nous souhaitons continuer à traiter, dès aujourd’hui, le développement émotionnel au cours des trois premières années de la vie. Le début de la vie est essentiel ; il s’agit de la base sur laquelle l’enfant construira sa personnalité. Transmettre au bébé une pensée de bienvenue au monde à sa naissance, en lui communiquant la disponibilité dont on fait preuve pour l’accueillir tel qu’il est, lui permet de se sentir valorisé et l’aide à atteindre la sécurité dont il a besoin pour grandir en toute confiance et pour s’aventurer au fil des expériences qui ponctueront sa vie.
La naissance s’accompagne de nombreux changements que le bébé doit assimiler. Le lien avec sa mère et son père restera primordial pour la sécurité dont il a besoin et pour intégrer, peu à peu, ce passage de la naissance à la vie. Un lien sain, être porté, bercé, enveloppé et aimé, ainsi que la certitude que ses besoins de base seront pris en compte immédiatement, encouragera, à mesure de la croissance de l’enfant et tout au long de sa vie, sa capacité à affronter les difficultés auxquelles il sera confronté en cours de route et à être certain qu’il sera capable de les surmonter. Le bébé absorbe facilement les émotions et l’humeur de ses párents, comme des gens qui l’entourent, d’où son besoin, autant que possible, d’une atmosphère paisible, de nombreux moments de silence, de tranquillité et de calme. Le fait d’être conscients de l’attention qu’on lui porte lorsqu’on le nourrit, lorsqu’on le lave ou lorsque l’on joue avec lui, nous permet d’approfondir la connexion avec le bébé. Le secret consiste à écouter non seulement avec les oreilles, mais aussi avec le cœur. Regardez-le dans les yeux et recherchez le véritable sens de ce que le bébé vous communique. Apprenez à comprendre ses messages ingénieux. L’âme du bébé et celle de ses parents fusionnent par l’intermédiaire du regard et renforcent ainsi les liens forts qui les unissent. Dans ces moments de communion, vous pouvez lui communiquer vos pensées positives le concernant, en insistant sur le bon et la lumière dont il rayonne à l’intérieur, afin qu’il puisse grandir en toute confiance, en se sentant capable et en ayant envie d’exprimer cette facette de sa personnalité au monde.
Les sentiments et les émotions se répercutent sur le comportement de l’enfant ; c’est pourquoi il est nécessaire de vous connecter à son être intérieur, en entrant en résonance avec lui et en observant vos propres sentiments. C’est ce qui aide l’enfant. Souvent, développer les qualités dont l’enfant a besoin est exactement ce qui vous est nécessaire. Faisons preuve d’humilité et reconnaissons que l’enfant peut parfois agir en maître pour nous, en nous transmettant un message qui résonne avec sa façon d’être. La conscience du bébé est ouverte de manière à percevoir son entourage et, alliée à ses expériences, forgera, peu à peu, sa personnalité. S’il est à la crèche, il sera également influencé par son entourage, par le lieu dans lequel il évolue et par l’état émotionnel des gens qui l’entourent. Soyons conscients de nos émotions et prêtons-y attention, veillons à créer l’ordre dont les enfants ont besoin et à les habituer, dès tout-petits, à apprécier l’harmonie et la beauté afin de la recréer en eux-mêmes.
Le bébé apprendra par le biais de ses sens. J’ai parlé du contact visuel et de la manière dont l’enfant peut lire ce qu’exprime le visage de ses parents et j’aimerais ajouter à ceci que le toucher est également l’un des premiers modes de communication à la disposition d’un bébé. Il répond immédiatement au contact peau contre peau. Il est rassurant pour le bébé comme pour ses parents et favorise, parallèlement, le développement sain et la croissance du système nerveux et immunitaire de l’enfant. Dans son livre sur le massage shantala, Frédérick Leboyer, un obstétricien français, déclare : « Les bébés ont besoin de lait, mais plus encore d’être aimés et de recevoir des caresses ». Le massage est un moyen de communiquer, de partager et de renforcer les liens, particulièrement si l’adulte cultive la transmission de l’amour, de la connexion, de la paix, de la sécurité et de l’envie de vivre. Le toucher est un sens qui devrait continuer à se développer à la crèche, par le biais de travaux manuels, comme celui de la pâte à modeler, ou les soins d’une plante qui le relie à la terre. Le toucher aide les gens à tendre la main naturellement, avec amour et conscience.
Laissons les enfants s’exprimer au lieu de les obliger à rester tranquilles. Les experts en l’éducation des jeunes enfants ont démontré que les bébés et les petits enfants, lorsqu’ils le peuvent, font instinctivement des mouvements de développement qui permettent l’établissement de connexions neurologiques dans le cerveau, étape essentielle pour l’apprentissage. À mesure que l’enfant grandit et intègre des mouvements nouveaux et spécifiques, son cerveau se développe en accord avec ces progrès. Il est recommandé de travailler les réflexes infantiles pour les encourager et les intégrer, étant donné que, parallèlement, de nouvelles synapses neuronales se forment, de plus en plus complexes, et facilitent l’apprentissage et le développement de la personnalité. Ceci confère sécurité, estime de soi et courage à l’enfant. Les enfants d’aujourd’hui sont propices aux blocages énergétiques, car ils peuvent souffrir de difficultés d’adaptation à leur entourage, en raison d’une grande sensibilité, d’un fonctionnement parfois différent ou des grandes attentes de leurs parents et de la société, ainsi que de la concurrence imposée et du manque de créativité dans les écoles. Parmi les solutions qui peuvent aider à commencer la journée de travail à l’école, il est conseillé d’avoir recours à quelques exercices de gymnastique cérébrale (brain gym) pour travailler, outre sur l’union des deux hémisphères, à réduire le stress susceptible de bloquer l’apprentissage, à centrer les émotions et à améliorer l’autocontrôle et la prise de conscience des limites. L’éducation ne consiste pas uniquement à emmagasiner des connaissances, mais également à favoriser un développement optimal du cerveau et de la personne dans son ensemble.
Pour les enfants d’aujourd’hui, il est recommandé un contact quotidien avec la nature. Nos ancêtres étaient bien plus en connexion avec les éléments de la Terre que nous le sommes actuellement. Réapprenons à nos enfants à établir ce lien dès tout-petits, à sentir le soleil et le vent sur leur peau, à honorer les éléments terre, eau, feu et vent. Nous pouvons également organiser des activités telles que des séances de dessin à l’extérieur ou leur parler de la croissance d’un aliment en terre. S’il est impossible de prendre l’air, il est possible de faire pousser des plantes en pot, d’avoir des animaux faciles à dresser ou de collectionner les pierres, les minéraux, les bâtons ou les feuilles sèches. Parlons à nos enfants de ce qui se cache dans le ciel, des autres planètes, de la lune et du ciel étoilé pour qu’ils s’y connectent. Tout ce qui leur permet de toucher la terre comme d’observer le ciel, lorsqu’ils établissent une connexion entre les deux, facilite leur harmonie avec leur entourage.
La terre nous parle sans cesse avec ses couleurs, le chant des oiseaux ou les rivières qui coulent. Essayons de refléter son langage pour que nos enfants le perçoivent. Les Indiens natifs, lorsqu’ils parlent de l’existence, disent que tout sur Terre a un but, que chaque maladie peut être traitée par une plante et que chaque personne a une mission.
Le bébé vient au monde avec un parcours derrière lui et naît avec une conscience plus ouverte ; par conséquent, il perçoit bien plus que ce que l’on peut imaginer. Dès la naissance du bébé, nous devrions songer à apprendre à faire confiance à sa capacité à surmonter ses propres difficultés, à lui donner la main et à le guider, mais sans chercher à contrôler ni à diriger sa vie. Chaque personne a certains besoins et un fonctionnement qui peut s’avérer différent à celui de ses parents et chacun doit tirer des leçons à sa manière. Mais, lorsque l’on devient parent, on n’assume pas vraiment la maternité/paternité d’un seul coup et c’est à force d’ouvrir sa conscience et de poser des questions que l’on assume peu à peu son rôle. Tomber et se relever fait partie du jeu. Pour ce faire, laissons place aux erreurs quil nous ne cesseront jamais de faire, et apprenons, simultanément, de ces dernières eu cherchant à avancer pour progresser un peu plus chaque jour. Nous sommes ici pour vivre et faire des expériences, pour être heureux et pour aimer. Être attentif aux pensées qu’ils vont nous consacrer et aux émotions dont ils vont nous faire dépendre nous permettra de parvenir à orienter notre vie comme il se doit et à gérer tout type de difficulté susceptible de surgir au fil du chemin. À présent, j’aimerais vous transmettre et partager avec vous quelques mots que j’ai lus dans un superbe livre sur la naissance, qui contenait un message d’un nouveau-né, qui m’a touchée : « … il est beau de recommencer, dit-il, de recommencer à descendre. Mais, tu sais,..., je crois, enfin, je sais, que personne ne descend jamais. Je vois un escalier que je dois gravir… Alors, toujours, nous montons, sans cesse. Vous transmettrez ce message, n’est-ce pas ? »
Elisabeth d´Ornano