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COURS POUR LES PARENTS: Comment pouvons-nous mieux réagir en tant que parents?
Date: Janvier 2011 / Catégorie: Divers
Nous avons commencé, cette année, notre activité divulgatrice et formatrice pour les parents. À cette occasion, nous nous sommes réunis, au jardin botanique royal de Madrid, avec plus de 150 pères et mères d’enfants présentant des difficultés, principalement des troubles de l’hyperactivité et/ou un déficit de l’attention.
La Présidente de l’association, Elisabeth d´Ornano, a chaleureusement accueilli les participants. Dans son discours d’inauguration, elle a orienté les lignes directrices du cours, ainsi que l’évolution de l’association et son développement vers l’avenir proche. Elle a désigné la motivation et le soutien des parents dans leur tâche créatrice, tout d’abord, puis éducative, comme l’un des objectifs principaux de l’association. Elle a retracé l ’évolution de l ’association de ses objectifs initiaux de formation et de diffusion sur le TDAH et de soutien des enfants qui en souffrent, ainsi que des adultes impliqués dans leur éducation, aux objectifs plus vastes et plus ambitieux, qu’ ’elle essaie désormais de couvrir.
Parmi ces objectifs, se détache l’approfondissement du processus du développement émotionnel des enfants, de leur première identité jusqu’à l’atteinte de leur identité personnelle et unique en tant qu’adultes. Au cœur de ce processus, l’association s’intéresse, entre autres thèmes, à l’influence que l’environnement émotionnel dans lequel un enfant est programmé, conçu, développé dans le corps de sa mère et accueilli aux premiers jours de sa vie, aura sur sa future stabilité mentale. L’état de la mère pendant la grossesse et toutes les situations qui entourent cette dernière constituent une des influences que l’association cherche à approfondir. En accord avec cet axe de travail, la Présidente a présenté les activités qui seront menées par l’association cette année, telles que l’élaboration d’un guide informatif destiné aux femmes enceintes, ou à tous ceux qui sont intéressés, reprenant les aspects du développement précoce de l’enfant, depuis sa conception, et même avant, et plus particulièrement du lien et de son influence sur son développement émotionnel postérieur. Elle a déjà annoncé la seconde journée annuelle de l’association Elisabeth d’Ornano, qui se tiendra en juin, et pendant laquelle ces thèmes seront abordés, depuis différents points de vue. Dans cette nouvelle évolution, l’association va aborder des thèmes relatifs à la valeur d’être une femme, son potentiel à être mère et ses besoins connexes, les aspects psychologiques de la grossesse, de la naissance et de l’allaitement, la prise de conscience de l’importance de tout ce processus et ses conséquences sur le développement positif de l’enfant.
En alliant les nouvelles évolutions de l’association au développement et à l’éducation des enfants hyperactifs, la Présidente a signalé l’importance de contribuer à ce que les enfants développent leur propre identité, indépendamment des attentes de leurs parents, dans un profond respect de leurs prédispositions innées, de leurs capacités et de l ’importance de ceci pour le développement d’une estime de soi appropriée. Apprécier les enfants constitue le premier pas envers leur propre appréciation. L’éducation des enfants atypiques, présentant des difficultés, est un défi qui, dans le meilleur des cas, devrait nous pousser à réfléchir sur nous-mêmes, sur nos priorités, nos idées préconçues, susceptible de constituer un moteur de changement pour atteindre un état enrichissant de sérénité et d’amélioration personnelle. La Présidente a présenté les communications à suivre et a indiqué un fil conducteur du cours : l’affection et l’amour des parents en tant que nutriment essentiel à la croissance des enfants avec sensibilité et conscience de la nature, de la souffrance des autres et, en général, de la participation consciente au cycle de la vie.
À partir de cette présentation, les communications se sont succédé. Dans la première, le cours s’est concentré sur des aspects généraux concernant les enfants hyperactifs, tandis que le reste du cours, tout en conservant l’aide de ses enfants comme toile de fond, pourrait être considéré comme extensif à davantage de parents, voire peut-être à tous. Ainsi, deux thèmes ont été essentiellement traités : le développement de l’estime de soi chez l’enfant et l’affection et l’amour dans l’éducation et le développement de l’enfant et, par conséquent, de la personne.
Le cours était ambitieusement intitulé : Comment pouvons-nous mieux réagir en tant que parents ? Ambitieux et chargé d’humilité. Nous pouvons tous mieux faire. Nous résumerons, ci-après, le contenu du cours.
La Dr Mara Parellada, psychiatre de l’enfant et de l’adolescent, a résumé certains aspects généraux du TDAH, a essayé de démystifier certaines idées erronées et de mettre à jour les connaissances des parents les plus avancés dans la connaissance du TDAH. Aujourd’hui, nous gérons un ensemble de connaissances communes sur le TDAH (trouble du déficit de l’attention et hyperactivité), fondées sur l’expérience et les connaissances d’experts des domaines de la santé, de l’éducation et de la psychologie. Nous considérons qu’un enfant présente un TDAH lorsqu’il démontre des difficultés de concentration, de contrôle de ses impulsions et d’activité excessive, ou certains de ces problèmes, dont l’intensité est suffisante pour le considérer hors du commun pour son âge et pour entraîner, pour lui, des difficultés sociales, familiales ou académiques importantes. Nous possédons de solides connaissances sur le TDAH, son origine biologique, sa base de maturation cérébrale différente de la base standard, les problèmes qu’il engendre, généralement, en matière de comportement, de réalisation académique, d’apprentissage, etc. Nous savons également que son origine ne se trouve pas, comme cela a parfois été pensé, dans un mode éducatif parental inadapté, ni dans une attitude volontaire de transgression ou de rébellion de l’enfant. Il est certain que le succès de la vie de l’enfant, de son développement normalisé, dépendra, en grande mesure, probablement de façon majoritaire, de l’attitude de sa famille envers le problème, de la capacité de l’école à s’adapter à ses besoins d’apprentissage et, en général, du développement global de sa personnalité au-delà de son TDAH. L’enquête récente est axée sur des aspects très variés du TDAH. Les études neurobiologiques donnent des informations très utiles pour comprendre les processus cérébraux sous-jacents au fonctionnement hyperactif ; nous visualisons, à l ’aide de techniques de neuroimagerie et de détection électrophysiologique très modernes, comment la maturation cérébrale des enfants présentant un TDAH poursuit un cours atypique, comment le cerveau de ces enfants rencontre davantage de difficultés pour changer de tâche ou comment la connectivité entre les zones de génération des impulsions et de contrôle de celles-ci est, d’une certaine manière, compromise. Des études thérapeutiques très importantes sont en cours pour tenter d’identifier quels sont les types d’enfants auxquels certains traitements sont plus adaptés que d’autres, afin de pouvoir de plus en plus personnaliser les interventions. En outre, les connaissances du TDAH sont enrichies par des études sur le développement général qui insistent sur l’importance du développement de la prime enfance et de l’expression affective au cours de cette étape, surtout, lors du développement moral des personnes.
Le Dr Miguel Moreno, également psychiatre de l’enfant et de l’adolescent, s’est intéressé à l’attention portée à l’estime de soi des enfants présentant un TDAH et au rôle ainsi qu’à la souffrance des frères et sœurs des enfants hyperactifs. Enfin, il s’est penché sur le sujet ardu des devoirs, leur sens, leur importance et leur gestion.
L’estime de soi est l’amour qu’une personne se porte à elle-même, même si, d’un point de vue plus vaste, elle pourrait être définie comme l’appréciation qu’une personne a d’elle-même. C’est la base du monde émotionnel des personnes et elle s’avère décisive dans le développement de la personnalité de chacun. Par ailleurs, c’est un élément fondamental dans les relations avec autrui.
Le développement de l’estime de soi d’une personne est influencé par un grand nombre de facteurs, dont l’origine de certains précède même la naissance.
La première identité d’une personne pourrait être définie comme l’image qui apparaît dans l’esprit de ses parents lorsqu’ils pensent à elle pour la première fois. Ainsi, cette représentation mentale chez certains parents qui planifient et désirent un enfant ne ressemblera pas du tout à celle d’autres parents arrivés à la grossesse sans beaucoup y réfléchir, sans la planifier et pire encore, ne l’ayant pas désirée.
Quelques expectatives adéquates de la part des parents et l’établissement d’un bon lien avec leur enfant depuis le premier instant de sa vie peuvent favoriser une estime de soi élevée et équilibrée. Ceci suppose un processus dans lequel la réflexion sur ce que signifie avoir un enfant, sur le respect des soins dont il a besoin, surtout au début, lorsqu’il s’agit d’un être complètement dépendant, et sur ce que ce signifie le respect d’une identité autonome, qui, bien souvent, a bien peu à voir avec cette première identité, constituent des éléments importants. Dans un premier temps, le partage du plaisir de la femme enceinte à être mère avec son entourage, lui assurant que tout ira bien et que ses besoins spéciaux pendant la grossesse seront respectés, garantit un développement adéquat de l ’estime de soi de l ’être à naître. Répondre aux besoins de l’enfant, à tout moment, en termes d’alimentation, de repos, de chaleur et de contact physique, tout d’abord ; en termes de communication sensorielle, puis verbale, d’autonomie, de respect de ses rythmes, temps, particularités, relations, inquiétudes, loisirs, points forts, etc. ensuite, contribuera à l ’établissement de certains ciments stables dans la construction de sa personnalité. Admettre les défauts de l’enfant, autoriser l’espace pour qu’il grandisse en suivant sa propre route, sans envahir son espace, sans le surprotéger ni l’abandonner, en faisant preuve d’un soutien inconditionnel mais non esclave, représentent les bases de l’avenir de chacun. Par ailleurs, lui donner les ressources adéquates pour affronter les difficultés fera de notre enfant un adulte équilibré, conscient et capable de croire en lui.
En ce qui concerne la relation des frères et sœurs avec quelqu’un présentant un TDAH, Miguel Moreno l’a insérée dans l’ensemble de la famille en tant que groupe de personnes, liées sur le plan affectif, qui cherche à fonctionner collectivement de la meilleure manière possible, c’est-dire avec l’objectif fondamental que tous ses membres atteignent leur potentiel maximal. Respecter l’espace et le temps des autres, distribuer les rôles avec clarté et justice et faire participer les membres de la famille à tous les conflits qui y surgissent, en adaptant le mode de transmission de l’information au niveau de chacun, favorise une cohésion qui permettra de pallier la souffrance et la croissance de manière partagée et constructive. Réussir à ce que chaque membre se sente aimé et respecté avec ses particularités et encourager une communication saine, sans « secrets » mais avec un véritable sentiment d’appartenance, favorise également l’estime de soi du groupe (famille) et sa capacité à aimer, y compris ceux qui n’en font partie.
Miguel a abordé un troisième thème, ardu, apparemment peu en lien avec les autres.
Les devoirs se présentent aux parents comme un défi difficile à aborder lorsqu’ils sont donnés à une personne démotivée, fatiguée et qui s’apprécie peu (vous vous souvenez ? L’estime de soi). C’est pourquoi le premier objectif consiste à se situer face aux devoirs sur le plan de la responsabilité : « C’est comme ça…et nous allons faire de notre mieux » et en manifestant l’enthousiasme relatif à ce que leur réalisation aura comme effets : « Cela nous aidera à nous sentir bien, car nous aurons satisfait notre obligation. » Les présenter comme quelque chose d’amusant, chercher un moment et un lieu adéquats et prédéterminés auparavant, avoir de l’aide (si possible de quelqu’un qui ne fait pas partie de la famille), en ayant défini l’heure de début et, surtout, l’heure de fin, en prédéfinissant les pauses en fonction des possibilités de notre enfant, avec un plan d’action ordonné et structuré selon les sujets, par ordre de difficulté décroissant, et en transmettant toutes les informations sur ceux-ci avec l’enthousiasme de celui qui sait que ce qu’il va faire va l’enrichir, sont quelques-unes des clés pour que cet obstacle puisse être surmonté le mieux possible. Il convient d’essayer que l’enfant comprenne l’importance de ce qu’il fait et qu’il souhaite bien le faire pour être meilleur.
La communication avec les professeurs dans ce domaine est essentielle. Engageons-nous à leur supervision et à respecter l’emploi du temps. Respecter l’heure de fin nous aide à entraîner la souplesse mentale et contribue à ce que l’enfant ressente que le prix gagné en faisant les choses bien est d’arriver au repos tant attendu et au temps de loisir, QUI DOIT EXISTER CHAQUE JOUR. Soyons sincères avec les enfants et avec les professeurs également, sur le respect et le non-respect, pour modeler ainsi un comportement responsable. N’oublions pas qu’un enfant a besoin de dormir plus de huit heures par jour et de se consacrer à ses loisirs plus de deux heures… et que les jours ne sont pas si longs. Cherchons, après les devoirs, à passer des moments de qualité avec eux, pendant lesquels nous pouvons les aider à encourager leur estime de soi, par exemple en leur rappelant à la fin de la journée tout ce qu’ils ont fait de bien depuis le matin.
Enfin, Paloma Cabadas, psychothérapeute, a tenu une conférence axée sur le défi pour les parents d’avoir un enfant présentant un TDAH, sur l’importance du fait que les adultes se regardent depuis leur rôle de parents et sur le travail nécessaire pour réussir à mettre en place une communication affective avec autrui afin de favoriser un bon développement personnel et des enfants. La conférence a regorgé d’émotions et de débats et a transmis l’importance des émotions et de la réflexion sur le développement personnel. Voici certains points clés de la conférence : l’importance d’aider les enfants différents à se développer dans leur singularité, en tant que personnes uniques, spéciales. Dans ce sens, l’intervenante a interrogé l’intention homogénéisatrice de l’éducation, en signalant le besoin d’individualiser, de s’adapter aux moments et aux rythmes des personnes différentes. Dans cette même optique, elle a signalé l’importance de la qualité du temps consacré aux enfants.
Paloma a mis l’accent sur certains aspects essentiels du développement réussi d’une personne intègre, au-delà des difficultés qu’elle peut présenter dans un domaine concret, tel que le TDAH. Par exemple, l’importance de la connaissance de soi, de ses propres limites, la créativité, le caractère agréable du temps utilisé et mis à profit seul, avec des concepts aussi suggestifs que le temps ressenti (un temps utile, amusant, mis à profit) ou que l’énergie d’aimer.
Elle a également réfléchi à la manière dont les enfants mettent les adultes à l’épreuve, activent en eux des points émotionnels déterminés, qui sont comme des signaux à travailler sur eux-mêmes en tant que parents et personnes. Enfin, elle a répété, comme elle l’a fait tout l’après-midi, l’importance d’aimer l’enfant, de le lui faire savoir, de l’apprécier, de lui faire confiance. Elle a, par ailleurs, signalé la puissance du dialogue, des limites et de la conscience, ainsi que de l’acceptation de se savoir, de se sentir et de se respecter dans la singularité.